"1940 : entrer en Résistance. Comprendre, refuser, résister"
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Les événements survenus en 1940 font, de cette année, l’une des plus noires de l’histoire de la France à l’époque contemporaine. Une défaite militaire qui tourne en débâcle et l’exode, la faillite des élites et le choix de l’armistice, l’occupation du territoire et l’avènement d’un régime autoritaire qui collabore avec le vainqueur. La défaite, l’effondrement et l’avènement du régime de Vichy se sont pourtant accompagnés de formes de résistance et d’opposition importantes au cours de l’année 1940 qui, selon leurs caractéristiques et leur intentionnalité, incarnent trois comportements différents : comprendre, refuser, résister[1].
« Tout se joue dans les commencements »[2]. Comprendre, refuser, résister : ces trois attitudes convergentes décrivent, d’abord et pour toujours, ce que fut le général de Gaulle en mai-juin 1940. Comprendre ce qui se joue, refuser l’armistice, poursuivre la lutte et remettre dans la guerre les Français, puis la France. De nombreuses trajectoires montrent aussi une forme de gradation logique de ces trois comportements : ainsi de Jean Moulin, qui adopte une attitude de refus en juin 1940, avant de devenir résistant un an plus tard, après avoir été révoqué de son poste de préfet. Il en va de même de nombreux lycéens ou étudiants parisiens, comme les cinq martyrs du lycée Buffon pour lesquels la participation à la manifestation du 11 novembre 1940 a constitué un moment fondateur, avant de rejoindre la Résistance organisée.
Si la Libération, la victoire contre le nazisme et l’épuration ont permis à la communauté nationale de laver les humiliations de 1940, tandis que la vision gaullienne de la période s’imposant dans les années d’après-guerre permettait de refouler le « trauma » de la défaite et les compromissions d’un pays faisant le choix de la collaboration au profit d’une France n’ayant cessé de combattre et de résister derrière le chef de la France libre, le tournant des années 1970 a connu un nouveau regard, plus accusateur, insistant sur la faillite du pays tout entier en 1940 et soulignant la passivité, voire la lâcheté d’une société acceptant dans sa très grande majorité l’armistice et apportant un soutien massif au régime de Vichy et à son chef, le maréchal Pétain.
Le documentaire de Marcel Ophuls de 1969, Le Chagrin et la Pitié a grandement participé à diffuser cette vision, comme l’a montré Pierre Laborie[3]. La révolution historiographique initiée par l’historien américain Robert Paxton a également à sa façon contribué à alimenter ce regard nouveau, en plaçant le curseur sur le régime de Vichy et ses nombreux soutiens au sein de la société plutôt que sur la France résistante[4]. Depuis plusieurs années, les historiens s’efforcent de proposer une vision plus nuancée et moins manichéenne des événements de l’année 1940 en sortant de la caricature consistant à proposer d’un côté l’image d’une France qui aurait résisté dès l’appel du général de Gaulle, dès l’armistice, dès l’occupation, aux Allemands et à Vichy, et de l’autre celle d’un pays qui n’aurait pas combattu militairement, qui aurait accepté son sort sans manifester aucune forme d’opposition, qui se serait « accommodé » de la défaite, de l’occupation, d’un nouveau régime.
S’interroger sur l’ « entrée » en résistance, c’est s’inscrire dans ce mouvement des historiens qui l’écrivent, de l’histoire qui en trace le cadre, du présent qui en porte, encore, la marque. Une histoire collective, une histoire individuelle, une histoire toujours en friche[5]. Comprendre, refuser, résister.
[1] Laurent Douzou et Tristan Lecoq (dir.) Enseigner la Résistance Paris, Canopé 2016
[2] Paul Valéry « La crise de l’esprit » in Europes de l’Antiquité au XXème siècle Londres, Athenæus, avril-mai 1919
[3] Pierre Laborie Le chagrin et le venin Paris, Bayard 2011
[4] Robert O. Paxton La France de Vichy 1940-1944 Paris, Seuil 1972
[5] Julien Blanc et Cécile Vast Chercheurs en Résistance. Pistes et outils à l’usage des historiens Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2014
Concours national de la Résistance et de la Déportation 2020
Mémoire et citoyenneté
Vecteur essentiel de transmission de la mémoire, le Concours national de la Résistance et de la Déportation offre aux élèves l'opportunité d'approfondir leurs connaissances sur certains aspects fondamentaux de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, ainsi que l'occasion de réfléchir à la dimension civique de ces événements.
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