-ANACR du FINISTÈRE-


André Le CRAS
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Chers amis,
Nous avons rendu hommage à notre cher camarade et ami André Le Cras,
le 25 août 2015, lors de ses obsèques au cimetière de Lanriec.
"André Le Cras, Résistant du groupe des futurs jeunes instituteurs de l'EPS de Quimperlé
lieutenant FTPF-FFI de la compagnie Leclerc du bataillon La Tour d'Auvergne
Libération de Quimper, Concarneau, presqu'île de Crozon.
Nous rappelons la mémoire des Résistants qui ont marqué son parcours:
son professeur Pierre Guéguin, fusillé à Châteaubriant le 22 octobre 1941 Eugène Le Bris, de Lanriec, fusillé le 29 janvier 1943 (procès dit des "42" de Nantes) et son camarade de l'EPS Etienne Millour, 20 ans, tué aux combats de Kernabat 15 juillet 1944."+photo de remise de la Légion d'honneur le 3 juillet par le général Hervé Le Bot (André n'a pu être décoré par  préfet le 8 mai, il venait de faire un malaise cardiaque ) + parmi les nombreux textes d'André, celui qui concerne la libération de Quimper.
Anne FRIANT

 
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«  Si l’écho de leurs voix faiblit, nous périrons.  »

Paul Eluard.


l'Association Nationale des Anciens Combattants
et Ami(e)s de la Résistance - ANACR-
Comité Départemental du Finistère

Fouesnant, le 18 mai 2010



La Libération de Quimper- Témoignage de Monsieur André Le Cras, lieutenant FTP de la compagnie Leclerc, du bataillon La Tour d'Auvergne.


  QUIMPER, première préfecture de France continentale* libérée par elle-même


«  Le 4 août 1944 je suis appelé par André Stéphan qui dirigeait les FTP du Sud-Finistère. Il était l'adjoint de Berthaud, chef départemental des FFI. 

  • On crée le bataillon La Tour d'Auvergne, il faut que tu viennes donner un coup de main à Gaston.

Gaston Kervarec, le capitaine.
Je commandais alors la compagnie Leclerc, basée à Concarneau. J'avais pris la suite de Etienne Millour de Fouesnant, mon condisciple de l'EPS* de Quimperlé, tué au combat de Kernabat* le 15 juillet.
J'arrive à Quimper à vélo, le jour même vers 16 heures.
J'ai été surpris de voir une ville libérée. Des drapeaux partout. Le long de l'Odet, les Allemands brûlaient des papiers mis en tas, pendant que des camions chargeaient le matériel pour le départ. Tout juste si Allemands et Français ne fraternisaient pas pour célébrer la fin de la guerre.
André Stéphan et Gaston étaient auprès de la préfecture. Une traction et un chauffeur nous attendaient. Nous décidons d'aller voir Berthaud, vers la rue de Pont l'Abbé.
  • Vous arrivez trop tard. Il y a un quart d'heure que les Allemands sont partis.

Ils avaient donc loupé Berthaud.
Nous sommes alors repartis vers la préfecture. Nous avancions le long de l'Odet, quand nous avons vu venir vers nous, à l'autre bout, venant de la gare, une camionnette pleine de gens qui chantaient. A ce moment là j'ai vu dans notre dos un véhicule blindé allemand qui s'avançait.
Nous allions être coincés entre eux. Nous nous arrêtons. Nous sortons tous les quatre de la traction. André Stéphan, Gaston et le chauffeur entrent dans les baraques de bois qui sont là, face à la poste aujourd'hui. Moi je cours me cacher derrière une des baraques.
Temps d'arrêt des Allemands avant de tourner vers la route de Brest. Arrêt et coup de canon dans le couloir des baraques. Notre chauffeur est tué. Il ne s'était pas couché à terre.

A la suite on s'est retrouvé. André Stéphan a tiré quelques coups de feu, mais le camion allemand était déjà loin.
Nous avons traversé l'Odet et sommes entrés dans l'immeuble de la Compagnie Lebon qui était devenu la préfecture pendant un moment.
Là nous avons rencontré des policiers. Nous étions une trentaine. Eux avaient des armes. Des mousquetons utilisés dans l'artillerie. Plus courts. Très bons fusils.
Ils nous ont distribué des armes, chacun un fusil. Nous nous sommes mis aux fenêtres.
Est arrivée une voiture hippomobile. Un seul conducteur, un soldat allemand, et un cheval qui trottait le long de l'Odet. Une allure de promeneur. Tous les fusils ont tiré sur lui. Ni le conducteur ni le cheval n'ont bronché. Ils ont continué leur route.
Il était alors une heure avancée de la nuit et la préfecture brûlait. C'était la nuit du 4 au 5 août.  »

André Le Cras
Témoignage recueilli par Anne Friant

* «  continentale «  et non «  métropolitaine  » la Corse s'étant libérée elle-même fin 43

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