-ANACR du FINISTÈRE-


Souvenir du massacre à Pont ar Stang (Landeleau)
Dans le POHER


Le 29 juillet1944, les alliés ont bombardé le bourg de Scrignac. Les paras de Ramcke, stationnés dans les Monts d'Arrée, à Commana, à Sizun, à Châteaulin et Landivisiau, font route fin-juillet vers la Normandie, puis reçoivent l'ordre de remonter vers Brest alors que certains sont arrivés près de Mûr-de-Bretagne. Le gros des troupes se trouve alors à Landeleau et Huelgoat : une colonne de plusieurs kilomètres... Des accrochages, incendies de fermes, exécutions et carnages, vont jalonner leur chemin vers le nord-Finistère : à Cléden-Poher, Châteauneuf, à Pleyben. 15 résistants et 18 civils meurent le 3 août à Landeleau. L'avant-garde américaine arrive à la Feuillée, en haut des Monts d'Arrée, le 5 août tard dans la nuit. Huelgoat est libérée les 5 et 6 août 1944 par les troupes américaines et une vingtaine de résistants.

OUEST-France du 1 août 2013 : Jean Hourmant avait alors 16 ans en 44. Il se souvient de ce triste événement.


Jeudi prochain, 3 août 2017, sera célébré le souvenir du massacre à Pont ar Stang (Landeleau), 73e anniversaire de l'attaque d'un convoi militaire allemand, par une poignée de maquisards. Elle s'était soldée par une tuerie. Ce jour-là, 15 jeunes maquisards (FTPF) de Plonévez, Landeleau, Camaret, Le Cloître-Pleyben, Collorec, Le Relecq-Kerhuon, ainsi que 18 civils, pris en otage par l'ennemi, ont été tués.

Ma famille et moi-même étions contraints de nous cacher car, sur dénonciation, nous étions recherchés par la Gestapo. Je me suis donc réfugié au maquis de Coat-Bihan, situé entre Plonévez et Landeleau. Dans la matinée du 3 août 1944, alors que j'étais en compagnie de jeunes maquisards, du cuisinier Jean-Louis Héligot et du lieutenant d'artillerie Laurent Le Guen, qui nous commandait, nous avons entendu des tirs d'armes automatiques, ainsi que des éclatements de grenades. Nous ne savions absolument pas ce qui se passait et le lieutenant nous a intimé l'ordre de ne pas intervenir avant de le savoir exactement.


Aucune chance d'en réchapper


Tout à coup, deux maquisards surgirent. L'horreur se lisait sur leur visage. Ils nous expliquèrent, rapidement, qu'une poignée de patriotes avaient tendu une embuscade à une colonne allemande, mais ils étaient plus nombreux que prévu. Les camarades, ainsi que des civils se trouvant là, se sont retrouvés encerclés sans aucune chance d'en échapper. Heureusement que notre lieutenant nous a empêché d'intervenir, car nous aurions inévitablement été au nombre des morts. Lorsque les Allemands furent partis, nous nous sommes prudemment approchés et avons découvert l'horreur. Des habitations étaient en flammes et les cadavres jonchaient le sol.


Parmi les morts, nous vîmes que l'ennemi s'en était également pris à Jean Suignard, curé de Landeleau, venu, au péril de sa vie, prodiguer l'extrême-onction aux malheureux, mortellement blessés. Nous nous sommes tous alors mobilisés pour aider au transport des cadavres et avons assisté, avec beaucoup de tristesse, aux obsèques de nos camarades et des civils, que nous connaissions pour la plupart.


Que s'est-il passé ?


Une colonne allemande de 1 500 hommes venait de Crozon pour se rendre en Normandie. Ce convoi n'aurait jamais dû être attaqué, ce qui aurait évité ce massacre. Il est certain que nos camarades, commandés par un capitaine FTPF de Brest, n'étaient pas suffisamment renseignés sur l'importance de cette colonne. De leur côté, les Allemands, militaires très expérimentés et très organisés, se sont rapidement rendus maîtres de la situation en encerclant toute la zone de Pont ar Stang, ne laissant aucune chance aux camarades et civils qui tentaient de s'échapper.


Après les enterrements, notre maquis de Coat Bihan - comprenant une cinquantaine de jeunes résistants de Châteauneuf, Plonévez et Landeleau - s'est déplacé au Ménez-Hom à Crozon, pour participer à la libération de la Presqu'île. Ensuite, en compagnie d'une cinquantaine de jeunes Finistériens, j'ai rejoint la première division française libre du général de Gaulle, débarquée en Provence.
Une cérémonie se déroulera au collège, bourg de Landeleau (travaux routiers sur la N164 à Pont-ar-Stang). Le rassemblement aura lieu à 16h 30.