-ANACR du FINISTÈRE-


Les premières heures du Jour J

Dés le 1er juin, les premiers escorteurs se positionnent sur la route des convois qui devront traverser la Manche. Les soirs des 1er, 2 et 3 juin, la BBC diffuse la première partie du code :

"
Les sanglots longs des violons de l'Automne ..." annonçant à la Résistance française l'imminence du débarquement. Malheureusement, le soir du 3, le temps se gâte, le vent se met à souffler du secteur ouest. La mer grossit, les creux se forment.

Le 4 juin au matin, les convois, qui ont déjà appareillé des ports anglais, doivent faire demi-tour.


Dans la soirée, le général Eisenhower 'Supreme Headquaters Allied Expeditionary Forces' (SHAEF) tient une réunion au quartier général à Southwick House en compagnie de Montgomery, de l'Air Chief Marshall Arthur W. Tedder responsable de l'aviation, de l'amiral Bertram Ramsay responsable de la marine, du général Omar Bradley commandant la 'First US Army', du général Miles Dempsey commandant la 'Second british Army', des généraux Smith, Leigh-Mallory, Kenneth Strong et de plusieurs autres officiers supérieurs. Le vent souffle et la pluie crépitent dans les vitres des fenêtres.

À 21h30 alors que tous les officiers sont conscients de la gravité de la situation, le 'group-captain' Stagg, chef de l'équipe météorologiste de l’opération Overlord, commence son exposé. Il donne un rapide résumé des conditions atmosphériques au cours des dernières vingt-quatre heures, puis annonce que la situation se développe très vite… Il explique qu’un nouveau front froid se dirige vers la Manche et que dans quelques heures, le ciel s'éclaircira provisoirement sur la zone de débarquement durant toute la journée du lendemain (le 5 juin). Cette accalmie se poursuivrait dans la matinée du 6 juin. Ensuite, le temps se détériorerait de nouveau avec l'arrivée d'une nouvelle perturbation. À 22 heures, Eisenhower décide de fixer le débarquement pour le matin du 6 juin. Les bâtiments reprennent la mer.

Le 5 juin, à 21h15, la seconde partie du code : " ... blessent mon cœur d'une langueur monotone. » est diffusée par la BBC annonçant le début des opérations. L'ordre est ainsi donné à la Résistance d'agir conformément aux instructions du plan vert par de multiples sabotages sur les voies ferrées et les routes et du plan tortue qui vise à interrompre les moyens de communications des Allemands par la destruction de certains ponts et des lignes téléphoniques.

Á la même heure les bombardiers et les troupes aéroportées font en route vers le sud. Dans la nuit les Parachutistes de la France libre intégrés au 'Special Air Service' (SAS), se préparent. Quatre sticks du '4th SAS' français respectivement aux ordres des lieutenants Marienne, Déplante, Botella et Deschamps, embarquent dans deux quadrimoteurs de la RAF à destination de la Bretagne. Sur mer la flotte d'invasion s'approche des côtes françaises : 2 727 bateaux de types les plus variés transportent les troupes et la logistique ou remorquent plus de 2 500 engins de débarquement. Ils sont escortés par 590 navires de guerre, dont 23 croiseurs et 5 cuirassés.

Cette flotte se présentent devant cinq plages baptisées d'ouest en est des noms de code Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword. Elle comporte une partie des forces navales française avec :

- 2 croiseurs de 7500 tonnes de construction française, le "Georges Leygues" et le "Montcalm", navire amiral de la flotte Française commandée par l'Amiral Lemonnier.

- 4 frégates de 1300 tonnes, de construction Anglaise : La Surprise, l'Escarmouche, la Découverte et l'Aventure.

- 4 corvettes de 900 tonnes : L'Aconit, la Renoncule, la Roselys et la Estienne d'Orves
- 1 torpilleur de 1300 tonnes : la combattante,

- 7 chasseurs de sous-marins,

- 6 vedettes rapides lance torpille de construction anglaise

- Enfin, le cuirassé Courbet mis en service le 19 novembre 1913 est également présent. Il effectue sa dernière mission pour être coulé au large d'Arromanches afin de servir de brise lames lors de la construction du port artificiel (Mulberry B).

Ces bâtiments sont répartis de la façon suivante :

- Devant Utah : les corvettes Aconit et Renoncule,

- Devant Omaha : les croiseurs Georges Leygues et Montcalm, la corvette Roselys, les frégates Escarmouche et Aventure,

- Devant Gold : la corvette La Surprise,

- Devant Juno :le torpilleur La Combattante, la frégate La Découverte, la corvette Estienne d'Orves.
A la même heure dans le cadre de l'Opération Samwest, les 18 commandos SAS français des stick des lieutenants Deschamps et Botella sont parachutés près de la forêt de Duault dans les Côtes-du-Nord. La mission consiste à établir une base sûre près de Saint-Brieuc et d'entrer en contact avec la Résistance locale, et d'établir des zones de parachutage et d'atterrissage pour le bataillon. Jusqu'au 11 juin, 114 SAS français y furent parachutés.
Á 0 H 30 dans le cadre de l’opération Dingson, les 18 commandos SAS français des sticks des lieutenants Marienne et Déplante sont parachutés près de Plumec, dans le Morbihan. La mission est d'établir une base où seront ensuite parachutés d'autres SAS. Jusqu'au 18 juin, 160 soldats français du '4th SAS' et du matériel seront parachutés sur le maquis de Saint-Marcel.
À 3 h 14 alors que les bâtiments de la force navale se mettent en place, des bombardiers larguent leurs cargaisons de bombes sur les plages choisies.
À 3 h 30, trois divisions sont parachutées ou déposées par des planeurs. Les 82ème et 101ème Airborn américaines sont chargées de sécuriser le flanc droit d'Overlord dans le Cotentin sur le secteur de Sainte-Mère-Eglise. La 6ème division aéroportée britannique doit sécuriser le flanc gauche à l'est de l'Orne jusqu'au "Pegasus Bridge".
À 5 heures 30, les tirs contre terre commencent. Les premières salves de 152 du Georges Leygues engagent la batterie allemande de Longues qui est provisoirement réduite au silence après un coup au but sur l'une de ses 4 pièces de 155 mm.
À 6h 30, le feu cesse et les premières vagues d'assaut se dirigent vers les côtes normandes. Parmi elles, à l'est de la zone sur Sword, débarquent les commandos de la 1re brigade de Lord Lovât qui comprend les 177 hommes du 1er BFM commando aux ordres du lieutenant de vaisseau Kieffer. Celui-ci a la mission de réduire des positions fortifiées de la plage à Riva Bella et la prise d'assaut de Ouistreham. Dans la journée 6 divisions d'infanterie débarquent : 2 britanniques, 1 canadienne, 3 américaines.
Au soir du 6 juin, sur les 156 000 hommes des troupes alliées présents en Normandie, plus de 10 500 sont tués, blessés, disparus ou prisonniers dont 2500 sur la seule page d'Omaha.

Une immense machine de guerre s'installe alors sur les côtes normandes. Depuis 1943 après l’échec du débarquement de Dieppe en août 1942 et sur l'idée de Winston Churchill, d'énormes caissons flottant ont été construits. Ils sont acheminés vers les plages de Normandie et serviront de digues pour la construction de deux port artificiels. Le premier appelé Mulberry A, sera installé sur Omaha face à Saint-Laurent-sur-mer, le second, Mulberry B sur Gold face Arromanches. Ils deviendront les organes vitaux pour la logistiques et l'approvisionnement des troupes. C'est un flot ininterrompu de troupes, de matériels, d'armes et de munitions qui commence.

La 2ème DB du Général Leclerc et ses 4200 véhicules ne débarquera qu'à partir du 1er août à Utah Beach. Elle est intégrée au 15e corps d'armée US commandé par le général Haislip.

La bataille de Normandie est commencée. Une page se tourne. La Résistance clandestine se termine au fur et à mesure de l'avance des troupes alliées. Elle s'organise en unités constituées et s'intègre à la lutte ouverte. Certains de ses membres s'engagent dans l'armée régulière et combattront jusqu'en Allemagne.

Sources : Amiral Chaline – Stéphane Delogu - Cornelius Ryan - Fondation Charles-de-Gaulle – Service historique de la Défense.

Article : François Fouré
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