-ANACR du FINISTÈRE-


Stacks Image 45


Charles PAPERON





Mis en ligne sur le site le 31 mars 2021
Stacks Image 108
Stacks Image 106


Aude KERDRAON.
À 88 ans, l'homme est habité d'un esprit fort et indépendant. Son destin l'a amené à lutter contre le nazisme, à garder la tête froide lors de la guerre d'Algérie avant d'aboutir à Brest et commencer un autre combat.
Portrait
L'homme est d'une élégance naturelle qui inspire le respect, tout comme son tempérament bien trempé. Charles Paperon, du haut de ses 88 ans, n'a jamais eu peur de défendre ses idées et de dire ce qu'il pense.
« En 2010, j'ai refusé le diplôme d'honneur de Sarkozy qui était distribué à tous les combattants ! Même aux Vichystes ! », s'exclame l'ancien résistant, à la fois indigné de cette situation et amusé du mauvais tour qu'il venait de jouer.

Premiers combats

Charles naît le 30
janvier 1926 en Allemagne. Quelques années plus tard, la famille décide de s'installer à Alger d'où est originaire son père. « Imaginez papa de religion juive, arrivant avec deux enfants baptisés catholiques, une femme allemande qui parlait à peine le français », se souvient-il les larmes aux yeux. Même si ses parents cachaient alors leurs états d'âme, Charles sentait bien « que l'accueil n'était pas chaleureux ».

Et puis, son enfance en Algérie aura été volée par la guerre. Dès 1940, Charles prend conscience de la barbarie nazie et tente d'entrer dans les forces de la France Libre. Mais trop jeune, les portes restent closes. Têtu, il parvient à 16 ans à s'engager dans la Résistance et à rejoindre la France Libre. Son père aurait pu le retenir comme il n'était pas majeur, mais il n'en a rien fait. Il connaissait bien son fils et
« il avait compris que cela n'aurait servi à rien ».

Arrive le départ pour l'Italie et ses premiers combats.
« Nous étions une bande de jeunes, inconscients. On chassait les horreurs de la guerre en s'amusant et en rigolant », murmure-t-il les yeux rieurs, des souvenirs plein la tête. En août 44, le jeune soldat participe au débarquement de Provence. Avec ses amis, il remonte jusque dans les Vosges, où il sera fait prisonnier avant d'être libéré par les Américains. « J'étais à Paris le 8 mai 1945. Les filles nous sautaient au cou, nous embrassaient, c'était inimaginable », dit-il d'un air malicieux.

La guerre terminée, Charles s'installe à Marseille. Pendant deux ans, il va travailler dans le tourisme avant de retourner en Algérie.
« Ma mère voulait que je revienne près d'elle. Et j'avais un peu le mal du pays. » Il travaille alors avec son père, agent de fabrique de bonneterie et rencontre Suzanne, qui deviendra son épouse.

Condamné à mort par l'OAS

Mais leur bonheur est contrarié par la guerre d'Algérie. En 1962, le coeur meurtri, la famille doit tout quitter en cachette.
« J'étais condamné à mort par l'OAS (Organisation de l'armée secrète). Je n'étais pas pour une Algérie française telle qu'elle existait. Pour autant je n'étais pas non plus pro-FLN (Front de libération nationale). J'étais donc un homme à liquider », explique Charles, qui pensait alors qu'il existait une voie pour bâtir une Algérie fraternelle et égalitaire.

Dès l'indépendance, il retourne à Alger et créé le concurrent d'Havas.
« J'ai fondé avec Michel Deque, que j'ai connu dans la France Libre, l'Agence nationale d'éditions de publicité. » Mais, le sort s'acharne sur lui et la rivalité entre Ben-Bella et Boumedienne, oblige la famille à quitter définitivement l'Algérie.

Toujours résistant

Après une dizaine d'année en région parisienne, Charles ouvre l'agence Horizon 2000 à Brest.
« Mon beau-frère m'avait dit que le réseau d'agences de voyages sur Brest n'était pas très important. » Mais, comme son besoin de défendre des causes est toujours aussi fort, il devient président régional des Éclaireurs de France, rejoint Handicap international, participe à de nombreux forums de la Résistance dans les collèges, devient membre actif à SOS-Amitié...

Aujourd'hui, même si le vieil homme a levé le pied, il poursuit avec passion le combat avec l'association « Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui », lutte contre la finance internationale... Pour lui, la Résistance
« est un état d'esprit et un flambeau à maintenir allumé ! ».




Stacks Image 84

Source : OUEST-FRANCE du 30 mars 2021
https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-charles-paperon-heros-de-la-resistance-et-figure-de-brest-est-decede-f07cd594-9159-11eb-954a-acefbc765f05
Brest.
Charles Paperon,
héros de la Résistance
et figure de Brest est décédé

Ancien voyagiste, fortement impliqué dans le milieu associatif local, Charles Paperon est décédé à 95 ans. Il s’est notamment battu avec les Forces Françaises Libres à partir de 1943.



Avant de venir s’installer à Brest (Finistère) dans les années 1970, Charles Paperon, qui s’est éteint mardi 30 mars à l’âge de 95 ans, avait déjà eu mille vies.


Il voit le jour le 30 janvier 1926, en Allemagne. Quelques années plus tard, sa famille décide de s’installer à Alger, d’où est originaire son père. Son enfance est marquée par le début du second conflit mondial. Dès 1940, il prend conscience de la barbarie nazie et tente de s’engager dans les forces de la France Libre. Trop jeune, il est recalé. Il retente sa chance trois ans plus tard, sans rien dire à ses parents. Avec succès, cette fois. « Un jour de 1943, je leur ai dit que j’avais une commission à faire. Ils ont attendu deux ans que je revienne », racontait-il en mai 2018.
Menacé par l’OAS

En août 1944, il participe au débarquement de Provence. Il remonte jusque dans les Vosges, où il est fait prisonnier, avant d’être libéré par les Américains. Il garde un souvenir ému de la capitulation allemande. Il était alors à Paris : « C’est quelque chose d’inoubliable. Nos joues étaient marquées par les baisers. »

Plus tard, il s’engage contre l’OAS, en Algérie. Deux membres de sa famille, qui font partie de l’organisation secrète, lui apprennent que son nom figure sur une liste de gens à éliminer. Dans la clandestinité, il réussit à prendre un bateau pour Marseille. « Quand je suis monté, la passerelle se levait. »

De retour en Algérie, quelques années plus tard, il monte une agence de publicité. L’expérience tourne court. « Le gouvernement essayait d’en prendre le contrôle. J’avais échappé à l’OAS, ce n’était pas pour finir entre les balles. »

Il repart pour la France et pose ses bagages à Paris, avant de faire route pour Brest. Dans les années 1970, il lance Horizon 2000, rue Louis-Pasteur. Son réseau, forgé grâce à la France Libre, lui permet de décrocher de gros contrats. Son credo d’alors ? « Tu veux partir ? Tu pars. Tu paieras quand tu pourras. » À la fin de sa vie, il en rigolait encore : « Ça m’a coûté cher ! » À cette époque, il est aussi le premier Brestois à interdire la cigarette dans une agence de voyages, pour qu’une employée ne soit incommodée.
Matignon, l’Élysée

Sa devise – « Suivre un idéal » – le conduit ensuite à s’engager auprès des Éclaireurs de France, de l’UFC, de Handicap international, de Greenpeace ou de SOS Amitié notamment.

Sa notoriété lui a aussi valu une invitation par le Premier ministre Édouard Balladur pour les commémorations des 50 ans du Débarquement allié. « Je me suis mis pieds nus en arrivant dans les jardins de Matignon, tout près de la Garde Républicaine. C’était très humide. »

L’Élysée aussi a voulu lui rendre hommage, mais c’était sans compter sur le tempérament de Charles Paperon ! « En 2010, j’ai refusé le diplôme d’honneur de Sarkozy qui était attribué à tous les combattants ! Même aux Vichystes ! »
Stacks Image 75

Source : LE TÉLÉGRAMME https://www.letelegramme.fr/finistere/brest/a-brest-l-ancien-resistant-charles-paperon-s-en-est-alle-30-03-2021-12727852.php


Charles Paperon était, sans conteste, l’une des figures les plus emblématiques de la ville de Brest. Résistant historique, militant de toutes les causes, il s’est éteint ce lundi à 95 ans.

Sa silhouette emblématique envoûtait la rue de Siam où il aimait à marcher, souvent. Charles Paperon était grand, dans tous les sens du terme, et n’avait peur de rien. Quand il fallait alpaguer, il le faisait tranquillement. Mais ses yeux comme ses manières étaient doux, pétries d’un humanisme infini et d’une humanité majestueuse. Ce n’est qu’en le découvrant progressivement que chacun se rendait compte que cet homme élégant, poli, attentif, était en fait une image éblouissante du siècle.

De tous les combats
Né le 30 janvier 1926 en Allemagne d’une mère germanique et d’un père juif pied-noir, il frissonnait devant toutes ces classes où il passait la nécessaire mémoire du conseil national de la Résistance. Un 30 janvier, comme le jour où Hitler devait devenir chancelier. Sept ans plus tard.
Hitler. L’homme à combattre et qu’il combattra à ses 17 ans de courage, fuyant le foyer domestique algérois pour s’engager dans les Forces françaises libres basées en Tripolitaine. Dehors, c’est mai 1943. Pas la période la plus simple de l’Histoire. Charles Paperon sera de tous les combats. L’Italie, la Provence, une poche Atlantique, une dernière semonce nazie en Alsace où son régiment se fait décimer pour protéger Strasbourg. Il sera fait prisonnier à Nuremberg jusqu’en avril 1945. Charles Paperon aimait la symbolique, parfois à son corps défendant.
L’expérience algérienne
De retour en Algérie, la vie paisible, établie auprès de sa femme Suzanne et de ses deux enfants Philippe et Catherine, ne durera pas. Charles Paperon est décolonialiste, sans adhérer toutefois au FLN (Front de libération nationale). Fatalement, en 1962, son nom est mis à la mort par l’OAS (Organisation de l’armée secrète). La fuite, réussie de peu sur ce bateau vers Marseille, n’est qu’un aller simple. Car à l’indépendance, il retourne à Alger et fonde l’Agence nationale d’éditions et de publicité (Anep) mais se retrouve en fusible entre les ambitions de Boumedienne et celles de Ben Bella. Charles Paperon revient alors avec sa famille en France et s’installe à Brest dans le mitan des années 70.

À lire sur le sujetCharles Paperon. Honneur à une conscience


Indignez-vous et même davantage

Mais une vie de combat ne saurait s’arrêter avant le dernier souffle. Alors, il les embrasse un à un. Greenpeace, Eclaireurs de France, lutte contre la maladie d’Alzheimer où il reçoit le professeur Cabrol, fer de lance des anciens combattants : la liste est longue et incomplète. Charles Paperon est partout. Et garde un esprit délicatement frondeur. En 2010, il s’illustre en refusant de recevoir un diplôme d’honneur de l’Élysée. Une façon pour lui de fustiger « l’enfumage » du président Nicolas Sarkozy qui n’avait pas tenu sa promesse de créer une journée nationale de la Résistance. L’affaire fera grand bruit, notamment auprès de ses amis de « Résistants d’hier et d’aujourd’hui », Stéphane Hessel et Raymond Aubrac.
Chevalier de la Légion d'honneur, il avait gardé la harangue d’Hessel pour lui, en l’amendant. « Indignez-vous : c’est bien mais ce n’est pas assez. Il faut mettre ses idées en action ». Charles Paperon était grand, et pas qu’un peu.
A noter
Ses obsèques seront célébrées au Vern, à Brest, ce vendredi 2 avril 2021 à 10 h 30.

À lire sur le sujet. Résistance. Le sublime hommage de l’Harteloire

Stacks Image 96
Stacks Image 93
Stacks Image 101

Photo de gauche :Charles Paperon, du BM24, 2e à gauche source : La bataille d'Obenheim 4-11 janvier 1945, Strasbourg, Le Verger Editeur, 2004

Source :
http://www.francaislibres.net/liste/fiche.php?index=89316

Un Français Libre parmi 61477



Charles Paperon


Naissance : 30 janvier 1926 - Trèves, Allemagne

Point de départ vers la France Libre : Nord Afrique

Engagement dans la France Libre : Tunisie en juin 1943

Affectation principale : Terre DFL - Moyen Orient / BM24

Dossier administratif de résistant : GR 16 P 456844

Dans la liste d'Henri Ecochard V40 : ligne 40026
Merci

Merci Charles, pour ce que tu as été pour moi pendant ma tumultueuse adolescence, même si je ne m’en suis rendu compte que bien plus tard. Amicalement. Pierre

Pierre Saunier le lundi 04 mars 2019 - Demander un contact



[https://www.ouest-france.fr/bretagne/brest-29200/brest-nos-joues-etaient-marquees-par-les-baisers-5746503] " Témoignage

« Dans la vie, on a d’autres joies… Mais cette Libération de Paris, ça a été une explosion ! Dès que la signature de la capitulation a été annoncée à la radio, ça a été le déferlement dans la ville. »

Avant de venir s’installer à Brest dans les années 70 pour devenir voyagiste et s’engager dans le milieu associatif, Charles Paperon avait déjà eu mille vies. Il avait notamment combattu contre l’OAS (Organisation Armée Secrète) en Algérie, au début des années 60. Il s’était aussi distingué pendant la Seconde Guerre mondiale, en s’engageant dans la Résistance.

Nous sommes le 8 mai 1945. Charles Paperon est à Paris, dans un hôtel de la rue des Martyrs. Il vient d’y être conduit par les forces américaines. « Quelques jours plus tôt, mon bataillon a été sacrifié. Notre rôle était de bloquer les Allemands pour ne pas qu’ils viennent vers Strasbourg, raconte-t-il. On a tenu pendant dix jours, puis on a été faits prisonniers. Les Allemands ont été très durs avec nous. »

« Inoubliable »
L’armée américaine met fin à ce calvaire, en intervenant dans une ferme de Nuremberg, où Charles Paperon est détenu prisonnier. Il est conduit à Paris, dans ce fameux hôtel « réquisitionné et réservé aux prisonniers libérés ».

Depuis sa chambre, le jeune homme de 19 ans apprend la capitulation allemande à la radio. « C’est quelque chose d’inoubliable. Ça n’arrive qu’une fois dans une vie. Ça n’a pas d’équivalent », lance-t-il, l’air ému. Du haut de ses 92 ans, il livre des souvenirs intacts, précis. « Les civils nous embrassaient, nous prenaient dans leurs bras. On était encore en uniforme », se souvient celui qui confesse ne jamais avoir trop aimé la tenue militaire.

Son regard s’anime quand il raconte le défilé du peuple parisien, passant par la rue des Martyrs, la rue de Rivoli, le boulevard Magenta… Des souvenirs presque polissons refont surface. « Nos joues étaient marquées par les baisers », sourit-il.

« Ils ont attendu deux ans »
Après la Libération, Charles Paperon passe quelques semaines à Marseille, avant de retourner voir ses parents en Algérie. « Un jour de 1943, je leur ai dit que j’avais une commission à faire. Ils ont attendu deux ans que je revienne… », ignorant longtemps les raisons de son absence

Bien des années plus tard, il pose ses bagages en France. Au début des années 70, il monte une agence de voyages. Il s’investit aussi auprès des Éclaireurs de France, de Greenpeace, de SOS Amitié et de Handicap International notamment. En 2015, il a enfin été fait Chevalier de la Légion d’honneur."