C'est avec beaucoup d'émotion que j'évoque notre amie Mimi Salou. Elle était présidente d'honneur de l'ANACR, l'Association des anciens combattants de la Résistance, et elle est restée jusqu'au bout un membre actif de la section brestoise. Depuis plusieurs années, nous nous retrouvions, d'anciens camarades résistants et amis, pour lui souhaiter son anniversaire chez elle, rue Henri Billant.
Le 30 novembre 2010, pour son 96ème anniversaire, Mimi nous a encore étonnés par sa présence alerte et c'est d'un cœur joyeux qu'elle a chanté « Le temps des cerises » et « Le drapeau rouge ». Le choix de ces chansons qui lui tenaient à cœur n'est pas anodin : en effet, Mimi n'a jamais renié ses convictions, elle qui est allée jusqu'à risquer sa vie pour elles. Quand on a faillit mourir pour des idées, que l'on a souffert dans sa chair pour les défendre, celles-ci vous accompagnent toute votre vie, aussi longue soit-elle : renier ses idéaux,ç'eut été se trahir !
Parce qu'il lui était impossible d'oublier toutes ces camarades laissées derrière elle, Mimi s'était fait un devoir de témoigner devant des élèves de collège ou de lycée de sa douloureuse expérience de l'univers carcéral et concentrationnaire en Allemagne nazie. Et ceci elle l'a fait jusqu'à la limite de ses forces. C'est toujours dans un silence marqué par un profond respect que les adolescents écoutaient cette vieille dame raconter son expérience des camps, les relations tissées avec les détenues et la solidarité entre elles. Le silence des élèves était palpable quand Mimi leur montrait sa tenue de déportée. Cette tenue de déportée, elle l'avait agrémentée d'une martingale; ce petit détail vestimentaire n'en est pas un : dans ce monde où l'individu était réduit à un simple numéro, où il était appelé à disparaître dans « la nuit et le brouillard », Mimi rappelait à ses bourreaux que chaque être humain est unique et reste digne, même sous la pire des barbaries.
Cet exercice de mémoire qui l'obligeait à évoquer des souvenirs si douloureux, elle le faisait pour que les jeunes générations sachent jusqu'où la folie de l'homme peut aller et qu'il faut rester toujours vigilants pour que de telles horreurs ne réapparaissent pas.
Ce 13 juillet j'étais à Nantes, invité par la Ligue des Droits de l'homme en compagnie d'une fille de résistante déportée. Je lui ai parlé de Mimi dont je venais d'apprendre la disparition. Le lendemain 14 juillet, j'étais Place de la Bastille en compagnie de mon camarade Raymond Aubrac, de représentants de la société civile et de partis politiques ainsi que de Didier Magnin, président de l'Association « Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui » parrainée par Stéphane Hessel et Raymond Aubrac. En évoquant la mémoire de Mimi avec eux, c'est tout naturellement que j'ai parlé d'une « résistante » brestoise d'aujourd'hui en la personne d'Irène Frachon. En effet, à sa manière et dans un contexte certes bien différent de celui où Mimi a mené ses combats, Mme le Docteur Frachon résiste elle aussi. Mimi n'aurait sûrement pas renié ce genre de combat, elle qui, récemment encore, par solidarité avec d'autres camarades, avait refusé le diplôme d'honneur de l'Élysée !!
Au cours de ce rassemblement j'ai eu l'occasion de parler avec des enfants de déportés qui m'ont demandé qui était Mimi Salou. Raymond Aubrac m'a chargé de présenter à la famille et aux amis de Mimi son salut fraternel.
Merci Mimi
Brest, le 18 juillet 2011
C'est avec beaucoup d'émotion que j'évoque notre amie Mimi Salou. Elle était présidente d'honneur de l'ANACR, l'Association des anciens combattants de la Résistance, et elle est restée jusqu'au bout un membre actif de la section brestoise. Depuis plusieurs années, nous nous retrouvions, d'anciens camarades résistants et amis, pour lui souhaiter son anniversaire chez elle, rue Henri Billant.
Le 30 novembre 2010, pour son 96ème anniversaire, Mimi nous a encore étonnés par sa présence alerte et c'est d'un cœur joyeux qu'elle a chanté « Le temps des cerises » et « Le drapeau rouge ». Le choix de ces chansons qui lui tenaient à cœur n'est pas anodin : en effet, Mimi n'a jamais renié ses convictions, elle qui est allée jusqu'à risquer sa vie pour elles. Quand on a faillit mourir pour des idées, que l'on a souffert dans sa chair pour les défendre, celles-ci vous accompagnent toute votre vie, aussi longue soit-elle : renier ses idéaux,ç'eut été se trahir !
Parce qu'il lui était impossible d'oublier toutes ces camarades laissées derrière elle, Mimi s'était fait un devoir de témoigner devant des élèves de collège ou de lycée de sa douloureuse expérience de l'univers carcéral et concentrationnaire en Allemagne nazie. Et ceci elle l'a fait jusqu'à la limite de ses forces. C'est toujours dans un silence marqué par un profond respect que les adolescents écoutaient cette vieille dame raconter son expérience des camps, les relations tissées avec les détenues et la solidarité entre elles. Le silence des élèves était palpable quand Mimi leur montrait sa tenue de déportée. Cette tenue de déportée, elle l'avait agrémentée d'une martingale; ce petit détail vestimentaire n'en est pas un : dans ce monde où l'individu était réduit à un simple numéro, où il était appelé à disparaître dans « la nuit et le brouillard », Mimi rappelait à ses bourreaux que chaque être humain est unique et reste digne, même sous la pire des barbaries.
Cet exercice de mémoire qui l'obligeait à évoquer des souvenirs si douloureux, elle le faisait pour que les jeunes générations sachent jusqu'où la folie de l'homme peut aller et qu'il faut rester toujours vigilants pour que de telles horreurs ne réapparaissent pas.
Ce 13 juillet j'étais à Nantes, invité par la Ligue des Droits de l'homme en compagnie d'une fille de résistante déportée. Je lui ai parlé de Mimi dont je venais d'apprendre la disparition. Le lendemain 14 juillet, j'étais Place de la Bastille en compagnie de mon camarade Raymond Aubrac, de représentants de la société civile et de partis politiques ainsi que de Didier Magnin, président de l'Association « Citoyens résistants d'hier et d'aujourd'hui » parrainée par Stéphane Hessel et Raymond Aubrac. En évoquant la mémoire de Mimi avec eux, c'est tout naturellement que j'ai parlé d'une « résistante » brestoise d'aujourd'hui en la personne d'Irène Frachon. En effet, à sa manière et dans un contexte certes bien différent de celui où Mimi a mené ses combats, Mme le Docteur Frachon résiste elle aussi. Mimi n'aurait sûrement pas renié ce genre de combat, elle qui, récemment encore, par solidarité avec d'autres camarades, avait refusé le diplôme d'honneur de l'Élysée !!
Au cours de ce rassemblement j'ai eu l'occasion de parler avec des enfants de déportés qui m'ont demandé qui était Mimi Salou. Raymond Aubrac m'a chargé de présenter à la famille et aux amis de Mimi son salut fraternel.
Merci Mimi
Brest, le 18 juillet 2011