Locquénolé, le 26 octobre 2013
A l’attention de Mme le maire de Morlaix
Cérémonie au kiosque, place des otages le 25 octobre 2013
Madame,
Cérémonie émouvante, oui mais votre allocution, madame le maire, m’a révoltée « un acte absurde et inconscient » dites-vous concernant cet attentat du 26 décembre 1943.
Vous occultez l’histoire de cette guerre, la France était occupée par l’armée allemande avec la collaboration du maréchal Pétain et de son gouvernement à Vichy.
Dès juin 1940, la répression nazie a été féroce : assassinats de milliers d’hommes et de femmes qui refusèrent définitivement la mise au pas du pays.
Cette occupation visant à rayer la culture du peuple français, l’héritage politique et social de 1789 pour fonder une nouvelle société dictatoriale, autoritaire et basée sur le racisme et l’antisémitisme ; balayant les « races humaines inférieures et invisibles », en surnombre par rapport à « l’économie nationale ».
Nous devons le respect et une immense reconnaissance à ces hommes et femmes dans leur diversité, qui ont contribué à détruire cette oppression en combattant pour notre liberté.
S’autoriser à user de la violence et à commettre des attentats, c’est un long processus, une révolution intérieure, culturelle et morale.
Oui Madame, il a fallu pour ces combattants de l’ombre trouver une légitimité supérieure qui justifiât, dans leur conscience et devant les Français, la validité de leur engagement !
Imagine-t-on ce qu’il faut de courage, de volonté et de raisons d’agir en risquant sa vie et celles d’innocents ?
Dès 1940 le gouvernement de Pétain édicte plusieurs lois sur le statut des juifs « catégorie à part » et vous semblez oublier que dès 1942 « la solution finale » a été proclamée.
Peut on attendre sagement face à cette barbarie ?
Tous ces soldats de toutes nationalités, sans uniformes, volontaires et rebelles nous ont légué des valeurs de solidarité et de fraternité, des valeurs humanistes et universelles qui ont permis à notre à notre peuple de vivre « des jours heureux » dignement.
Un beau programme !
Ces valeurs furent le socle fondamental d’un nouveau droit international concrétisé par la déclaration des Droits de l’Homme.
On peut aimer « la vie à en mourir », voilà le message de ceux et celles qui furent fusillés pour pouvoir penser et vivre librement.
Lucienne Lerman Nayet Fille de déporté
PS : mon père, juif « étranger », raflé en mai 1941 par la police française à Paris, a été assassiné à Auschwitz : une enfance brisée par l’idéologie nazie.