Paris, le 4 décembre 2012
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Chère Camarade et Ami(e),
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Pour ce qui est du 5 décembre, l’ANACR n’a pas pris de position officielle quant à une date qui ne concerne ni la Résistance ni la Seconde Guerre mondiale, mais diverses interventions mandatées de plusieurs de ses dirigeants ont souligné en diverses circonstances qu’elle n’évoquait aucun moment significatif d’un conflit ayant profondément et douloureusement marqué notre histoire nationale, et que de plus cette date avait été décrétée arbitrairement Journée nationale sans la moindre concertation et même en opposition avec la principale – et de fort loin – Association rassemblant les Anciens combattants d’Algérie, la FNACA. C’est pourquoi l’ANACR n’a nationalement participé à aucune manifestation du 5 décembre ; et il en a été de même sur le plan départemental. Toutefois, on ne peut garantir que, localement, dans quelques cas …
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Sans adopter de position officielle quant à une date qui ne concerne ni la Résistance ni la Seconde Guerre mondiale, notre Association a cependant exprimé clairement son soutien - à la tribune de ses congrès, en réponse à l’intervention du représentant de la FNACA, et lors des congrès de la FNACA où elle est représentée - à la demande de notre Association amie de faire du 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu en 1962 en Algérie, la Journée nationale commémorative de la Guerre d’Algérie. Et, chaque 19 mars, nous sommes représentés nationalement au ravivage de la Flamme par la FNACA sur la tombe du Soldat inconnu à l’Etoile tandis que nombre de nos comités départementaux et locaux qui sont en capacité physique le faire participent aux manifestations organisées ce jour-là par les comités de la FNACA.
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L’adoption officielle par le Parlement du 19 mars comme «Journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la Guerre d’Algérie et des combats en Tunisie et au Maroc», qui impliquera la participation des autorités militaires et civiles – notamment préfectorales - aux cérémonies - va conforter la prééminence existant déjà de facto du 19 mars par rapport à la date du 5 décembre, que le ministre Kader Arif a dit n’avoir pas l’intention d’abroger, mais qui devrait se voir, là encore de facto, de plus en plus relativisée dans le calendrier mémoriel les années passant.
Pour ce qui concerne le 11 novembre, bien antérieurement à l’initiative – que l’ANACR a explicitement désapprouvée de manière motivée - de l’ex-président Sarkozy en modifiant le caractère, l’ANACR s’est très souvent associée par sa présence à l’Etoile et aux cérémonies départementales et locales aux autres Associations du Monde combattant dans la participation à ces manifestations patriotiques du souvenir du drame que fut la 1ère guerre mondiale, dont l’ampleur fait qu’au-delà des intentions ayant présidé à la transformation de son libellé, la date du 11 novembre restera associée de très loin prioritairement - et pour longtemps - à la mémoire des quelques 1.500.000 morts et plus de 4.000.000 de blessés - dont 300.000 mutilés - français… Un dramatique bilan qui fait qu’au-delà des manœuvres confusionnelles du présent, nous ne saurions nous abstraire du mouvement Anciens Combattants rendant hommage à leur souvenir.
Pour autant, notre présence ne saurait être évidemment une caution à la confusion des divers conflits et, de manière pondérée et responsable, non provocatrice – c’est- à dire audible et compréhensible par le plus grand nombre, car le coup d’éclat est sans intérêt et même contre-productif –, il nous faut rappeler, notamment aux autres Associations du monde Combattant, notre attachement au respect de la spécificité des différents conflits, avec des dates mémorielles dédiées. Et bien sûr, pour ce qui nous concerne, aux dates du 24 avril, du 8 mai, du 27 mai, du 18 juin et du 16 juillet.
L’Année prochaine 2013 - sera l’année du 70ème anniversaire de la création du CNR et du 70ème anniversaire de la mort de Jean Moulin. Si l’on peut noter une certaine tendance contemporaine à focaliser l’attention concernant le CNR sur son Programme publié en mars 1944, sinon à l’y réduire, l’on ne saurait passer sous silence - et même seulement relativiser - le rôle historique du CNR qui, en unifiant tous les mouvements de Résistance, en les faisant se placer sous l’autorité du général de Gaulle, en unifiant dans les FFI les structures militaires des différents mouvements, en mettant en place dès la fin de l’automne 1943 les différentes structures de relève des administrations pétainistes a permis d’assurer la participation du peuple français à sa libération, d’affirmer l’indépendance de notre pays par rapport à ses Alliés, et de mettre en œuvre dès l’automne 1944 des mesures qu’il préconisera dans le Programme qu’il publiera 10 mois après sa constitution.
C’est pourquoi la réédition du Programme du CNR que nous préparons ne se bornera pas à la seule réédition de son texte, fut-ce même en fac-similé de son édition clandestine «les Jours heureux», mais le mettra en perspective historique, en explicitant le contexte de sa rédaction, quelles étaient les mouvements, partis et syndicats fondateurs du CNR, leurs représentants au CNR, le rôle de Jean Moulin, l’action du CNR après sa disparition, etc.
Pour ce qui est de la commémoration en 2014 du 70ème anniversaire de la Libération et du centenaire du début de la 1ère Guerre mondiale et de la création de la Mission interministérielle, notre inquiétude ne nait pas de la mise en place de cette mission – ainsi la structure permanente du Ministère de la Défense qu’est la Direction de la Mémoire, du Patrimoine et des Archives (DMPA) a parmi ses missions la mémoire de tous les conflits ; sans que pour autant en 2005 le bicentenaire d’Austerlitz (1805) ait été confondu avec le 60ème anniversaire de la victoire sur le nazisme (1945) – mais de l’éventuel contenu et de la structuration des activités de cette mission, dont les deux pôles mémoriels – 1914 et 1944 - doivent être bien différenciés. Nous ne saurions accepter qu’ils soient confondus.
C’est ce que nous dirons au Ministre lors de notre prochaine entrevue programmée en janvier 2013, lors de laquelle nous évoquerons bien sûr notre exigence d’instauration d’une Journée nationale de la Résistance le 27 mai et serons très attentifs à la réponse qui nous sera faite.
Quant à la nouvelle proposition de loi du 10 octobre 2012 portant création d’une Journée de la Résistance et émanant du Groupe GDR à l’Assemblée nationale, qui vient s’ajouter à celles précédentes du Groupe socialiste au Sénat du 8 novembre 2007 et du Groupe communiste à l’Assemblée nationale en date du 5 décembre 2007, elle est positive ; nous regrettons que dans ces trois cas, les signataires n’aient pas éprouvé le besoin de rencontrer préalablement l’ANACR..., dont plusieurs d’entre eux sont membres... Comme d’ailleurs des députés et sénateurs d’autres groupes parlementaires.
Nous allons plus que vraisemblablement devoir relancer en 2013 notre bataille pour la Journée nationale de la Résistance...
Fraternelles Amitiés.
Jacques VARIN