amicale de neuengamme |
17 avril 2012
Chers amis,
L’Amicale est durement frappée par le décès, aujourd’hui, de notre camarade Jean Le Bris.
Nous savons tous la part prise par Jean Le Bris dans le destin de l’Amicale, par ses fonctions de président national et, à l’international, par son action combattive pour la restructuration du site du camp, au sein du comité des experts près la ville de Hambourg,
Jean faisait partie de notre Conseil d’administration et, jusqu’à la fin, il nous a prodigué ses conseils, avec clairvoyance et amitié.
Ses obsèques auront lieu
le vendredi 20 avril, à 10 :30
au crématorium de Dijon, rue de Chevigny, quartier Mirande
21000 Dijon
Adresse de la famille :
Famille Le Bris
C /o Gilbert et Annick Le Bris
25 rue des Brosses
21410 AGEY
Avec toutes nos amitiés.
Robert Pinçon et Janine Grassin
Le Finistère, Premier Département Réfractaire de France
La « mise à sac » du STO, coup d'éclat exceptionnel d'un groupe de jeunes Résistants.
Le vendredi 14 janvier 1944, à l'heure de sortie des bureaux, sur les quais de l'Odet, face à la Feldkommandantur de Quimper, de jeunes résistants organisent le « cambriolage du STO », Service du Travail Obligatoire, dépendant de la préfecture.
Le cadre de l'action est l'école Notre Dame de l'Espérance. Le rez-de-chaussée est réservé aux bureaux, tandis que le premier étage sert de dortoir aux soldats allemands. Ces derniers ne cesseront d'aller et de venir pendant que se déroule ce qu'ils croient être un « déménagement ».
La prise, les dossiers de jeunes gens du Finistère promis à l'esclavage en Allemagne nazie. Elle partira en fumée la nuit même.
Le commando, douze jeunes gens, déjà entrés en résistance. Beaucoup sont d'anciens élèves du Lycée La Tour D'Auvergne. Volontairement, quelques uns sont entrés dans les services de l'administration afin de « saboter , comme l'a demandé le général De Gaulle à Radio Londres »*. Leur chef dans la Résistance, pour le Sud-Finistère, est un jeune ingénieur polytechnicien, Laurent Jacq. Il s'est fait embaucher au Génie Rural. Il viendra sur place ce 14 janvier au soir diriger en personne l'opération prévue: faire disparaître l'ensemble des dossiers du Service du Travail Obligatoire.
Deux équipes de jeunes Résistants que coordonne Antoine Le Bris. L'équipe de Quimper, que dirige Antoine Le Bris avec Jeannette Cras et Louis Kernéis, opère directement dans les locaux où ils sont employés depuis quelques mois. Laurent Jacq, René Fauvel, Jean Le Bris, Léon Dolley et Pierre Germaine seront sur place à l'heure dite. La « mise à sac » va conclure le sabotage du « recensement des jeunes gens nés en 1923 » , selon la circulaire numéro 48 du 18 septembre 1943 du préfet Louis DUPIECH. Leur alibi est soigneusement préparé. Ils avancent de dix minutes toutes les horloges du service pour que la place soit libre, quittent les lieux les derniers après avoir remis les horloges à l'heure. Pendant qu'ils se rendent au café de Bretagne où ce soir là il est prévu de fêter l'anniversaire d'un ami, Laurent Jacq, René Fauvel, Jean Le Bris, Léon Dolley, Pierre Germaine, l'équipe de Quimper, arrivent dans les bureaux pour l'opération de sabotage prévue.
L'équipe d'Ergué-Gabéric , dont le chef est François Balès, tue le cochon dans la ferme de Pennarun ce jour-là. François Balès et Jean Le Corre, les amis de toujours, ne quitteront la ferme que le temps d'aller en voiture, sur les quais de l'Odet, Boulevard de Kerguélen, charger les sacs de pommes de terre dans lesquels on empile prestement les dossiers. Ils y retrouvent le groupe de Quimpérois ainsi que Pierre Le Moigne et Hervé Bénéat d'Ergué Gabéric. C'est le deuxième alibi.
Une providentielle coupure de courant à 18h37 plongera toute la ville dans l'obscurité et confortera l'alibi des « employés » du STO de l'équipe de Quimper.
Précaution de plus, une jeune femme surveille sur les quais que le chargement se passe bien. C'est Elisabeth Le Bris, la jeune épouse de Jean.
Dans la nuit du 14 au 15 janvier, de 9h du soir à 6h du matin, les 44 000 dossiers seront brûlés dans le four du jeune boulanger d'Ergué Gabéric, François Balès.
Le lundi matin, « les premiers employés du STO qui arrivent découvrent des bureaux complètement dévastés, il ne reste que les meubles. »*
Cet acte de Résistance par sa portée humaniste et fraternelle– toute la jeunesse du Finistère traquée par le régime de Vichy et l'occupant reprend souffle et espoir en ce difficile hiver 1944 - par son audace, par son intelligence, par la perfection de sa coordination, est exceptionnel. Cet acte est unique en France. Et quelle jeunesse! Quelle magnifique confiance dans l'avenir. Quel magnifique message d'espoir!
Il traverse le temps et nous frappe de sa lumière.
Le prix de ce courage sera terrible. Sans preuve, sans aveu malgré les tortures, sept furent déportés. Seuls survivants, Jean Le Bris de l'équipe de Quimper et Jean Le Corre de l'équipe d'Ergué-Gabéric, peuvent, aujourd'hui, témoigner de ce haut-fait.
Les douze membres de ce haut fait de Résistance sont :
Laurent Jacq, Antoine Le Bris, Louis Kernéis, René Fauvel, Hervé Bénéat, morts en déportation ;
François Balès, mort en combattant pour la Libération du Finistère ;
Jean Le Bris et Jean Le Corre, déportés et revenus des camps ;
Jeannette Cras, Léon Dollet, Pierre Germaine et Pierre Le Moigne qui échappent à la déportation.
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