FTP et FFI : Robert Marchand de Fontenay-aux-Roses.
Publié le 10 Juin 2010
Mis en ligne sur le site le 20 novembre 2019
Du congrès de Tours au Pacte germano-soviétique.
Créé au congrès de Tours en 1920, issu pour la majorité de ses adhérents de la Section Française de l’International Ouvrier, le parti communiste (qui prendra par la suite le nom de Parti communiste français – PCF) se proclame de son « grand frère » russe : bolchévique, révolutionnaire, avec pour maîtres mots la discipline et le suivi des directives émises par la majorité (centralisme démocratique). Ces éléments sont d’importance et permettent de comprendre comment le parti a pu mettre au point, pendant la Seconde Guerre mondiale, une unité militaire.
Partant à la conquête de la classe ouvrière, le parti est de tous les combats pour la défense du prolétariat. Il est également antimilitariste, antifasciste (1922 : l’Italie est captée par Mussolini ; 1933 : Adolf Hitler remporte les élections en Allemagne), et s’engage contre l’occupation de la Ruhr en 1923 et la guerre du Rif en 1926. Pendant la guerre d’Espagne (1936-1939), le parti envoie des hommes combattre aux côtés des Républicains contre les troupes nationalistes et fascistes du général Franco.
Au cours de l’été 1939, l’Union soviétique de Staline et l’Allemagne nazie d’Hitler signent un pacte de non-agression. L’une des clauses – secrète – étant le partage de la Pologne entre les deux signataires. Partage effectué après une « blitzkrieg » de trois semaines en septembre 1939.
De ce fait, et après moult provocations et violations du Traité de Versailles de 1919, le 3 septembre 1939, la France, bientôt suivie de l’Angleterre, ne peut que déclarer la guerre à l’Allemagne. Le 26, le Parti communiste français est dissous.
Les Francs-Tireurs Partisans.
Les militants communistes, toujours aussi bien organisés, vont alors œuvrer en clandestinité. En juin 1941, Hitler désagrège le pacte en envahissant l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques (opération Barbarossa).
La direction du parti, sous l’égide de Jacques Duclos, décide de la lutte armée contre le nouvel ennemi fasciste. Des groupuscules, ou unités combattantes, sont conçus, entre autres par Eugène Hénaff, et sont rattachés à un Comité militaire national. Les combattants, d’abord regroupés en Organisations spéciales prennent, au début de 1942, le nom de Francs-Tireurs Partisans Français (FTPF) puis FTP.
Développements.
En octobre 1941, la direction du Comité militaire national (CMN) est confiée à Charles Tillon. Les réunions du CMN se tiennent au gré de l’évolution des consignes de sécurité et des mises à l’abri des dirigeants. Ensuite, un journal est produit : France d’abord, dont plus d’une soixantaine de numéros paraissent entre 1942 et la Libération.
A partir de la fin de 1942, les FTP s’ouvrent aux non-communistes. Le mouvement s’accélère au fur et à mesure de la montée de l’engagement dans la Résistance. De même, sont intégrés les militants de la MOI (Main d’œuvre Immigrée). La MOI, structurée depuis le début des années 1920, permet aux jeunes travailleurs étrangers vivant en France de participer à la Troisième Internationale communiste sans dépendre directement du PCF. Les FTP-MOI sont surtout connus pour leurs actions en Région parisienne et le charisme de leurs chefs : le Roumain Boris Holban et l’Arménien Missak Manouchian.
En Zone sud, les FTP se développent également. A partir de novembre 1942 – date de l’invasion de la zone par les troupes allemandes – les FTP montent un Comité Militaire de la Zone Sud (CMZ). Parmi les responsables, il convient de citer : Boris Guimpel, Mathieu Puyo, Francisque Jommard. Le CMZ est maintes fois désorganisé par les rafles du responsable de la Gestapo de Lyon : Klaus Barbie.
Ainsi, partout en France, les maquis – généralement composés d’une trentaine d’hommes – se multiplient, comme les actions militaires : sabotages, exécutions de responsables SS et de la Wehrmacht ou simplement de soldats ; élimination de personnels du Régime de Vichy… Mais les exécutions peuvent aussi concerner des membres des FTP qui refusent obstinément de suivre la ligne du parti.
Vers les FFI.
En 1943, les FTP se joignent à l’Armée Secrète. Cette unité a été conçue un an plus tôt par le rapprochement entre deux des mouvements les plus importants de la Zone sud : Combat et Libération-Sud, qui de leur côté reconnaissent la France Combattante du général de Gaulle.
L’acte de naissance est signé en décembre 1943 : les Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) peuvent, de concert, agir pour la victoire contre le nazisme.
Robert Marchand de Fontenay-aux-Roses.
Robert Marchand nait à Fontenay-aux-Roses le 6 février 1915. Après ses études secondaires, il intègre l’école des Beaux Arts et est nommé professeur de dessin à Gentilly (dans l’actuel département du Val de Marne). Il effectue la Campagne de France de la Seconde Guerre mondiale dans un régiment de dragons motorisés. Après l’armistice, il est démobilisé.
Revenu sur Paris, il participe à des actions de résistance, d’abord sous la forme de tracts. En mai 1941, il passe dans la lutte armée et réalise des actions spectaculaires : incendies de voitures allemandes, attaques de postes allemands. Son plus grand exploit est certainement le sabotage et l’explosion d’un train de munitions à Versailles. A Paris, rue de la Gaité, il abat plusieurs officiers nazis. Ses actions lui valent le grade de commandant au sein des FTP.
Dénoncé, Robert Marchant est arrêté, ainsi que son épouse, le 16 avril 1942 par la Gestapo. Alors qu’il est emmené à la préfecture de police de Paris pour être sauvagement torturé, Madame Marchand réussit, après plusieurs mois passés dans divers camps et prisons, à s‘évader. Elle participera à la Libération de Paris.
Trois mois d’enfermement et d’atroces sévices ne font pas plier Robert Marchand. Le 22 août 1942, il est transporté à la prison de la Santé puis au Stand de Tir (limite Paris / Issy-les-Moulineaux). Ses geôliers l’achèvent d’une balle dans la nuque.
Croix de Guerre 1939-1945, médaillé de la Résistance, Robert Marchand est fait chevalier de la Légion d’Honneur et compagnon de la Libération à titre posthume.