Journal Libération
MASSACRE DES FOSSES ARDÉATINES
Le 23 mars 1944
Le 23 mars 1944, via Rasella, dans le centre historique de Rome, un commando de la résistance italienne fait exploser une bombe dissimulée dans une benne à ordures au passage d'une colonne allemande de la SS, provoquant la mort de trente-trois soldats. En représailles, le commandant des SS de Rome, Herbert Kappler, organise le massacre de trois cent trente-cinq otages, dont soixante-quinze juifs, dans les Fosses ardéatines, des grottes dans la banlieue sud de la capitale italienne.
C'est l'un des plus graves crimes de guerre de la Seconde Guerre mondiale en Italie, avec les représailles perpétrées par les nazis à Marzabotto, en Émilie (1.836 morts en octobre 1944). Le commandant Herbert Kappler avait ordonné que pour chaque Allemand tué, dix otages italiens soient exécutés, détenus politiques mais aussi de simples civils raflés au hasard dans les rues de la ville. Les condamnés sont amenés à l'entrée des grottes où le capitaine nazi, Erich Priebke, leur demande leur nom et le coche sur les listes qu'il tient en main. Ensuite, les otages sont exécutés d'une balle dans la nuque.
Un soldat a raconté lors du procès d'Herbert Kappler, en 1948, l'horreur de cet après-midi de mars: «Les galeries obscures et profondes des grottes voyaient arriver à une fréquence hallucinante les condamnés, conduits par groupes de cinq, tandis que les autres victimes attendaient à l'entrée, entendant les tirs et les cris d'épouvante des malheureux qui les précédaient.
A l'intérieur, à la pâle lueur des torches, on apercevait un amoncellement de cadavres.» A la fin du massacre, dans lequel périssent trois cent trente-cinq personnes ¬ soit cinq de plus que ce que prévoyaient les ordres du commandant Kappler ¬, les officiers dynamitent l'entrée des grottes.