Monsieur le Maire,
Mesdames et Messieurs les élus,
Madame et Messieurs les représentants des associations patriotiques et porte-drapeaux ,
Nous voici devant la stèle où sont inscrits les noms des 19 résistants brestois fusillés au Mont Valérien ,en Suresnes ,près de Paris le 17 septembre 1943: c'était hier l'anniversaire , il y a déjà 74 ans...
Ils étaient en majorité brestois d'origine ,mais certains y étaient venus pour travailler ,comme Joseph Ropars de Guissény ,Albert Abalain du Pont de Buis, Albert Ranniu de Guimiliau ,et Eugène Lafleur venait de Paris. 19 résistants FTP employés surtout à l'arsenal ou dans le bâtiment ,arrêtés à différentes dates par la police vichyste ou la gendarmerie aux ordres en prison à Brest ,puis à Rennes après parfois des simulacres de procès ,et livrés aux allemands,pour un nouveau procès à Fresnes, après des tortures souvent atroces. On leur reprochait des actes de sabotage ,souvent dans l'arsenal ou des attaques de soldats allemands ,par exemple à 500 mètres d'ici au Douric ,rue St Marc ,la destruction d'un central téléphonique allemand ,ou la reconstitution d'un parti interdit ,le parti Communiste français, dont ils partageaient les idées.
Les plus jeunes avaient 21 ans ,comme Yves Giloux ,étudiant , né à Ouessant de parents instituteurs .Certains avaient une expérience militaire ,comme Jean-Louis Primas et Albert Rannou ,qui avaient participé à la guerre d'Espagne dans les rangs de Brigades Internationales , le second: lieutenant et blessé au combat... Joseph Ropars ,pupille de la nation (son père tué à la guerre 1914/18) ,venait de passer 8 ans dans la Marine avant de rentrer à l'arsenal ,Henri Moreau était musicien militaire à la Musique de la Flotte jusqu'en 1940.
Tous ont légué un exemple de courage et d'abnégation ,n'ont pas accepté les discours de ceux qui parlaient d'honneur en capitulant ,ils n'ont pas supporté la trahison et l'infamie. Ne les oublions pas ! Se souvenir de la Résistance est nécessaire.
On parle souvent du "devoir de mémoire" ,mais il faut citer le "droit à la mémoire".Un grand résistant , Raymond Aubrac ,s'exprimait à ce sujet en mai 2011 ;il est mort peu de temps après ."lorsque les jeunes m’interrogent , ils me demandent toujours pourquoi nous avons résisté Et bien je leur réponds : parce que nous savions que ça servait à quelque chose ! Même si nos risquions la mort ,nous savions que nous agissions pour les nouvelles générations.Nous étions patriotes : à l'époque ,envahir la France ,c'était comme attaquer notre famille.
Sa femme Lucie ,résistante aussi ,ajoutait :'Résister est un verbe qui se conjugue toujours au présent" :il ne faut jamais se résigner , et lutter contre toute résurgence du fascisme...
Pour terminer je voulais lire une dernière lettre,parmi d'autres ,destinée aux familles des fusillés : voici cette année quelques extraits de celle d'Albert Rannou ,fusillé lui aussi au Mt Valérien ;
Prison de Fresnes le 17 septembre 1943
Cher Papa et chère Maman ,
Il est 11 heures moins le quart ,on vient de nous prévenir qu'on va être fusillé à 16 heures.
Je vais donner ma vie à la France,ma patrie que j'ai toujours aimé ,pour laquelle j'ai combattu ....Je suis content ,car mon sacrifice ,j'en ai la certitude ,ne sera pas vain.J'ai lutté durant ma courte existence pour le bonheur des travailleurs et pour la paix dans le monde .
----- UN PASSAGE CENSURE ----
Mes chers parents ,je vous ai toujours aimé,ça me fait une peine immense de vous quitter .Je ne sais comment exprimer ma gratitude pour tout ce que vous avez fait pour moi.Si quelquefois je vous ai fait de la peine ,vous m'avez pardonné .Je pense à tote la famille.Mes amitiés aussi aux voisins et aux camarades ,qu'ils sachent que j'ai fait mon devoir de français et de communiste.
Je vous embrasse tous.Soyez courageux , Adieu à tous....
Albert