Charles Paperon était soldat le 8 mai 1945, quand l’Armistice a été signé. Il combattait pour les Forces Françaises Libres. Du haut de ses 92 ans, il en garde un souvenir intact. Et émouvant.
Témoignage
« Dans la vie, on a d’autres joies… Mais cette Libération de Paris, ça a été une explosion ! Dès que la signature de la capitulation a été annoncée à la radio, ça a été le déferlement dans la ville. »
Avant de venir s’installer à Brest dans les années 70 pour devenir voyagiste et s’engager dans le milieu associatif, Charles Paperon avait déjà eu mille vies. Il avait notamment combattu contre l’OAS (Organisation Armée Secrète) en Algérie, au début des années 60. Il s’était aussi distingué pendant la Seconde Guerre mondiale, en s’engageant dans la Résistance.
Nous sommes le 8 mai 1945. Charles Paperon est à Paris, dans un hôtel de la rue des Martyrs. Il vient d’y être conduit par les forces américaines. « Quelques jours plus tôt, mon bataillon a été sacrifié. Notre rôle était de bloquer les Allemands pour ne pas qu’ils viennent vers Strasbourg, raconte-t-il. On a tenu pendant dix jours, puis on a été faits prisonniers. Les Allemands ont été très durs avec nous. »
« Inoubliable »
L’armée américaine met fin à ce calvaire, en intervenant dans une ferme de Nuremberg, où Charles Paperon est détenu prisonnier. Il est conduit à Paris, dans ce fameux hôtel« réquisitionné et réservé aux prisonniers libérés ».
Depuis sa chambre, le jeune homme de 19 ans apprend la capitulation allemande à la radio. « C’est quelque chose d’inoubliable. Ça n’arrive qu’une fois dans une vie. Ça n’a pas d’équivalent », lance-t-il, l’air ému. Du haut de ses 92 ans, il livre des souvenirs intacts, précis. « Les civils nous embrassaient, nous prenaient dans leurs bras. On était encore en uniforme », se souvient celui qui confesse ne jamais avoir trop aimé la tenue militaire.
Son regard s’anime quand il raconte le défilé du peuple parisien, passant par la rue des Martyrs, la rue de Rivoli, le boulevard Magenta… Des souvenirs presque polissons refont surface. « Nos joues étaient marquées par les baisers », sourit-il.
« Ils ont attendu deux ans »
Après la Libération, Charles Paperon passe quelques semaines à Marseille, avant de retourner voir ses parents en Algérie. « Un jour de 1943, je leur ai dit que j’avais une commission à faire. Ils ont attendu deux ans que je revienne… », ignorant longtemps les raisons de son absence.
Bien des années plus tard, il pose ses bagages en France. Au début des années 70, il monte une agence de voyages. Il s’investit aussi auprès des Éclaireurs de France, de Greenpeace, de SOS Amitié et de Handicap International notamment. En 2015, il a enfin été fait Chevalier de la Légion d’honneur.