Décédé la 5 décembre dernier, Alain MADEC était né le 19 décembre 1926. Il était président du Comité ANACR de Pont-l’Abbé depuis de très nombreuses années, puis président du Comité ANACR du Pays Bigouden depuis sa création il y a trois ans. Il avait choisi d’entrer dans la Résistance début 1943, c’est-à-dire à 16 ans et quelques mois.
Choix extraordinairement difficile comme on le sait, surtout si jeune. C’est en 1943, en jouant au football au club de Pont l’Abbé qu’il est contacté par des Résistants dirigeants du club. Très vite il devient un militant actif. La tâche était difficile. A cette époque, il n’y avait pas beaucoup d’armes car la région de Pont l’Abbé était située en zone interdite, tout comme le reste des communes qui se trouvaient près des côtes.
C’est-à-dire qu’il fallait un laisser–passer pour pouvoir entrer dans cette zone. Il y avait beaucoup d’allemands et il était difficile d’obtenir des parachutages d’armes. Le dimanche 9 août 1944 c’est le baptême du feu pour Alain. Il est le plus jeune de sa compagnie. Le maquis de Corroac’h est une base de la Résistance. Une embuscade est tendue. Alain était à ce moment-là téléphoniste. Les allemands allaient partir de Pont l’Abbé. C’est à la tombée de la nuit que les allemands se sont présentés. Le combat a commencé. "Ils avaient des automitrailleuses. Les balles passaient au-dessus de nos têtes …Le combat a duré entre 10 et 15 minutes puis on s’est repliés à travers la campagne. Arrivés à Pont-l’Abbé on a vu que les allemands avaient quitté le Pays Bigouden". Après un séjour de repos et d’entrainement à Pluguffan, Alain rejoint Pont-l’Abbé pour assurer les communications téléphoniques du central de la Poste. Il était à ce poste pendant les combats de la baie d’Audierne. "Ça téléphonait de tous les bords". Fin septembre 1944, le mois des 18 ans d’Alain, on propose aux maquisards de s’engager dans l’armée française. Il accepta et passa avec succès, à la Mairie de Pont-L’Abbé, l’examen médical par des médecins militaires. Cela le rassura car jusque-là, "si les allemands nous prenaient, c’était en général le peloton d’exécution.
Alors que en tant que soldats de l’armée française, on était considérés comme des réguliers et on pouvait alors être reconnus comme prisonniers de guerre". En octobre 1944, le bataillon d’Alain fait mouvement en camions vers le front de Lorient. Les hommes reçoivent un livret militaire, un uniforme, un casque, un imperméable le tout d’origine anglaise plus une toile de tente allemande. Le nom "Bataillon Antoine Volant" de la Résistance devient "3ème bataillon de marche du Finistère", dépendant du 118ème régiment de Quimper. Le siège de la poche de Lorient dura jusqu’à la victoire du 8 mai 1945. L’hiver 44/45 fut très rude pour des hommes qui n’avaient pour s’abriter que des abris précaires.
Alain apprit la capitulation de la garnison allemande alors qu’il était en ligne à ce moment-là. En juillet il est admis à l’école de Saint-Maixent et y reste un an. On lui proposa alors de continuer à servir dans l’armée française et d’y faire une belle carrière. Il refusa la proposition car en fait ce qu’ils lui promettaient c’était … "une croix de bois en Indochine" !
Alain a été fidèle à l’ANACR jusqu’au bout. Nous déplorons le décès d’un homme honnête, sincère, tolérant et profondément laïc.
E. de Bortoli