Cérémonie de Carhaix-place de la Résistance
Nous sommes rassemblés autour de cette stèle de Lamprat pour nous souvenir, pour dire notre hommage et notre reconnaissance à ces jeunes Résistants, soldats sans arme et sans uniforme de l'Armée de l'Ombre, tombés de Lamprat et Moulin-Meur jusqu'à Saint Caradec, les 8 et 9 juin 1944.
Des enfants de 20 ans, de très jeunes gens qui, à mains nues, face à une armée nazie rompue au pillage et au crime, se préparaient à libérer leur pays, à y rétablir la République et sa magnifique devise, LIBERTE, EGALITE, FRATERNITE.
Ils voulaient vaincre et vivre, ils étaient le courage et l'espoir.
Ils venaient de connaître 4 longues années de malheur, ils avaient vu
leur pays occupé, soumis au pillage, à la honte, à la trahison, à l'ordre barbare nazi, à l’infamie de la collaboration.
Ils étaient promis à l'esclavage en Allemagne au service de la machine de guerre nazie, le STO, service du travail obligatoire.
Réfractaires, ils étaient clandestins dans leur propre pays.
-il y a 75 ans, le 6 juin 1944, c'est l'espoir. Espoir en ce débarquement des Alliés sur les plages normandes. Le deuxième Front tant attendu!
La forteresse Europe dominée par l'Allemagne nazie est attaquée sur deux fronts.
Le premier front, à l'Est, où l'Armée Rouge depuis la victoire de Stalingrad en février 1943 repousse l'envahisseur.
A l'Ouest, en Normandie, la bataille de l'Atlantique enfin gagnée, le deuxième Front tant attendu que les Alliés viennent d'ouvrir en ce 6 juin 1944.
Un seul ordre, que ce débarquement Allié réussisse! Il faut empêcher un regroupement des forces ennemies en Normandie.
Partout en France, Résistants, Maquisards et Saboteurs ont engagé le combat afin de fixer les forces ennemies: plan vert pour les voies ferrées, plan violet pour les lignes téléphoniques, plan bleu pour les installations électriques.
-L'espoir et le courage. Vaincre et vivre. Courage de la jeunesse. Sans arme, mal nourrie, mal vêtue, sans abri, pourchassée jour et nuit, elle se prépare au combat inégal qui l'attend. Espoir en ces armes qui vont permettre à la Résistance Française, unifiée par Jean Moulin, de sortir de l’ombre, de libérer le Pays aux côtés des Alliés, de rétablir la République.
-Une trainée de feu, de sang et de larmes va marquer de rouge et de cendres le piège que devient la Bretagne pour ces hordes ennemies empêchées par les Combattants de l'Ombre de rejoindre la Normandie. Pas de prisonnier.
Les blessés sont martyrisés et achevés. Les fermes sont incendiées. Ceux qui se trouvent là sont abattus.
Ici, les 8 et 9 juin 44, comme à Tulle le 9 juin, comme à Oradour le 10 juin, les troupes nazies, formées à la haine et au meurtre, massacrent et tuent.
Elles tuent « ce que nous avons de plus beau,
L'espoir,
La liberté et les enfants. »
Ces jeunes soldats de l'Ombre que nous honorons aujourd'hui, en ce mois de juin 1944, quand ils se réunissent à la ferme de Lamprat, sont les héritiers d'une longue histoire de lutte pour la Liberté.
Ils sont les héritiers de la Révolution de 1789, révolution qui fut précédée de bien des révoltes cruellement réprimées, dont un siècle plus tôt, en 1675, celles qui soulevèrent la Bretagne.
Ils portent les valeurs de cette république qu'ils veulent rétablir.
Ils veulent vivre libres, égaux et fraternels.
Ces jeunes soldats de l'Ombre ne virent pas la victoire, mais c’est à eux et à leurs frères de combat que la Bretagne devait d’être libérée pratiquement par elle même.
Notre hommage va à tous leurs frères de courage et de souffrance, dont, proches d'ici, les quatre frères Le Guern
La terreur, l'effroi que semèrent les barbares en les martyrisant et en promettant le même sort à tous ceux qui attaqueraient l'armée allemande, n'a pas fait plier la Bretagne. Elle fut exemplaire dans cette Libération.
« 20 000 va-nu-pieds à l’armement hétéroclite mirent en fuite 6 divisions allemandes, soit 100 000 hommes puissamment armés. »
Ainsi parlait le 9 septembre 1944 le colonel Eon, Commandant des Forces Françaises de Bretagne.
Hommage et Reconnaissance à vous, jeunes soldats de l'Ombre,
à vous qui payèrent « si cher le droit d'être homme ».
En mémoire de vous, en mémoire de vos jeunes vies atrocement brisées, du sang et des larmes versées, gardons intacte notre colère, face à tous les retours possibles de cette barbarie, ne baissons pas la garde, que nul n'oublie la barbarie de la « bête immonde ».
Hommage et reconnaissance à cette jeunesse d'hier, nous lui devons le bonheur de vivre dans un pays libre et démocratique, dans une Europe enfin en paix.
Confiance en la jeunesse d'aujourd'hui, qu'elle garde et transmette la mémoire de ce qui s'est passé ici. Qu'il n'y ait plus jamais ça!
MERCI.