Le 8 mai 1945, il y a 71 ans, prenait fin en Europe un conflit qui s’était généralisé à partir du 1er septembre 1939 avec l’invasion par la Wehrmacht de la Pologne, mais dont les prémices avaient été l’Anschluss le 12 mars 1938 de l’Autriche par le Reich hitlérien, l’annexion par l’Allemagne nazie des Sudètes tchécoslovaques en septembre suivant, au lendemain de la capitulation de Munich, l’occupation par Hitler de la Bohême-Moravie tchèque le 14 mars 1939… Alliée d’Hitler, l’Italie mussolinienne avait attaqué et occupé l’Ethiopie en 1935-1936, l’Albanie en avril 1939… Mussolini et Hitler avaient de 1936 à 1939 apporté une aide militaire décisive à Franco en rébellion contre la République espagnole. En Asie, le Japon, bientôt allié des deux dictateurs européens, avait attaqué la Chine dès 1931, et occupé de larges portions de son territoire.
La guerre qui s’achevait le 8 mai 1945 avait ravagé le Continent et y avait fait plusieurs dizaines de millions de morts, non seulement du fait des opérations militaires, qui souvent sciemment n’épargnèrent pas les populations civiles, mais aussi conséquence de politiques génocidaires dont les camps de concentration nazis venant d’être libérés avaient tragiquement révélé l’ampleur et la barbarie.
Cette victoire sur le nazisme que concrétisaient la prise de Berlin par l’Armée rouge et la capitulation nazie signée le 7 mai à Reims puis le lendemain 8 mai à Berlin avait certes été celle des armées soviétique, américaine et britannique auxquelles s’étaient jointes dès le début de la guerre les Forces Françaises Libres et, en 1944, la libération de la France quasi-achevée, la 1ère Armée française, aux côtés de forces canadiennes, polonaises, belges, néerlandaises, norvégiennes, yougoslaves…
Elle était aussi la victoire des peuples qui refusèrent l’asservissement et au sein desquels – jusques et y compris dans les pays fascistes – prirent naissance et se développèrent des mouvements de Résistance, luttant pour la libération de leurs patries, pour la liberté, pour le respect de la dignité humaine, de la vie humaine.
Dans notre pays, la France, un régime félon installé par Pétain allait se mettre aux ordres de l’occupant dans la mise en œuvre d’une répression contre les démocrates, les patriotes qui, par milliers et milliers furent fusillés, par milliers et milliers massacrés, par dizaines de milliers déportés dans les camps de concentration, ainsi que dans celle des persécutions raciales qui aboutirent à la déportation de plus de 70 000 hommes, femmes et enfants vers les camps de la mort ; d’où bien peu revinrent.
Mais, dès l’été 1940, à l’extérieur du pays, l’Appel du général de Gaulle lancé depuis Londres le 18 juin allait rassembler autour de lui les premiers Français libres, tandis que sur le sol national occupé, des femmes et des hommes allaient refuser la capitulation, l’occupation, l’assassinat de la République et la suppression des libertés, affirmer leur volonté de poursuivre le combat.
C’est ainsi que naquirent et se développèrent dans les conditions différentes de la France divisée en deux zones – occupée et non-occupée - les premiers groupes, réseaux et mouvements de Résistance. Ils s’appelleront «Combat», «Libération-Sud», «Franc-Tireur», «Organisation Civile et Militaire», «Libération Nord», «Ceux de la Résistance, «Front national de Lutte pour la Libération de la France», «Ceux de la Libération», qui seront à sa création membres du Conseil National de la Résistance (CNR), «Lorraine », «La Voix du Nord»…, que parurent ou reparurent dans la clandestinité des journaux - parfois homonymes de mouvements - tels «Libération», «Combat» ou «Franc-Tireur», mais aussi «Défense de la France», «l’Humanité», «Témoignage Chrétien», «le Populaire»…
Le 21 août 1941, en abattant lui-même au métro Barbès à Paris, un officier de la Kriegsmarine, Pierre Georges, le futur «colonel Fabien», Commissaire militaire de l’Organisation Spéciale du Parti Communiste clandestin, initie la lutte armée contre l’occupant, qui vient s’ajouter aux activités de renseignement et à la propagande clandestine.
Cette multiplicité de structures et formes d’action de la Résistance intérieure, la nécessité de sa liaison avec le combat de la France Libre pour assurer la permanence de la présence de notre pays aux côtés des Alliés, vont conduire Jean Moulin, le Préfet républicain de Chartres, révoqué le 2 novembre 1940 par l’administration pétainiste, à s’atteler à cette tâche de rassemblement des forces de la Résistance, en les plaçant aussi sous l’autorité du Comité National Français présidé par le général de Gaulle.
Après des mois et des mois d’efforts pour surmonter des difficultés de tous ordres, la réunion constitutive du Conseil National de la Résistance se tint à Paris le 27 mai 1943, 48 rue du Four. Elle rassembla, sous la Présidence de Jean Moulin, les 8 principaux mouvements de Résistance, 6 partis clandestins (communiste, socialiste, radical, démocrates-chrétiens, Fédération républicaine et Alliance démocratique) et les deux centrales syndicales CGT et CFTC.
Cette création du Conseil National de la Résistance, reconnaissant l’autorité du Général de Gaulle, allait renforcer la légitimité du Chef de la France libre auprès des Alliés, «j’en fus à l’instant plus fort» dira-t-il. Elle allait permettre d’unifier toutes les forces de la Résistance, la mise en place dès la fin 1943 des Comités locaux et départementaux de la Libération, la création début 1944 des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), la publication le 15 mars 1944 du Programme du CNR, dont les avancées découlant de sa mise en œuvre à la Libération sont encore pour nombre d’entre elles présentes dans notre vie démocratique et sociale
C’est pourquoi cette date du 27 mai a été retenue pour en faire la «Journée Nationale de la Résistance», dont – après plus de vingt ans de lutte pour l’obtenir – l’instauration en 2013 a inscrit dans le calendrier mémoriel de la Nation le rôle de la Résistance dans la libération de la France, la mémoire du combat et du sacrifice des Résistantes et des Résistants.
Rappeler, ce 27 mai, plus particulièrement dans les établissements scolaires, les valeurs humanistes, démocratiques et patriotiques qui inspirèrent le combat de la Résistance s’inscrit dans le devoir de mémoire à l’égard de ceux qui ont combattu et souvent sont tombés pour la Liberté,
C’est aussi répondre au besoin de mémoire de ce que furent les drames et les luttes du passé, dans un monde qui connaît toujours les guerres, le racisme sous toutes ses formes, la xénophobie, les atteintes aux libertés et à la dignité humaine, la torture, la résurgence du fascisme, contre lequel il faut poursuivre le combat que menèrent les Résistants.
Louis CORTOT
Compagnon de la Libération
27 mai 2014- Journée Nationale de la Résistance-
MESSAGE COMMUN DES REPRESENTANTS
DE LA RESISTANCE DU FINISTERE
(-ANACR et Amicale des Anciens de la 1ère DFL-)
Pour cette première célébration de la journée de la Résistance dans le Finistère les associations de résistants ont souhaité honorer en commun tous ceux qui participèrent à cette si longue lutte et ceci est donc leur message.
TEXTE DE M ALEXIS LE GALL (Président de l’amicale des anciens de la 1ère DFL)
C’est le 18 juin 1940 que la résistance commença quand, de Londres et sur les ondes de la BBC le général de Gaulle signifia son refus de l’armistice décidé par Pétain et lança son appel à se joindre à lui pour continuer la lutte. "Quoi qu’il arrive termina-t-il, la flamme de la Résistance ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas".
Le mot était dit, la décision prise. A partir de ce 18 juin nous résisterions. Et ce ne fut pas facile.
Rares, très rares, furent ceux qui le rejoignirent dans la lutte et la mission qui leur fut donnée était immense. "Pour que notre pays puisse, au jour de la victoire à laquelle je crois y figurer au rang des vainqueurs, nous dit-il le 6 juillet 1940 à Londres, il faut qu’à la fin l’on puisse dire que la France n’a jamais cessé le combat et donc votre mission sera d’être présent partout où l’on se bat."
Et effectivement on trouva des Français, dès 1940, dans le ciel de Londres, puis sur mer et enfin sur terre un peu partout en Afrique comme à Tobrouk, Koufra, Massaoua et tant d’autres en 1941, en Crête, à Bir Hakeim, Alamein en 1942 en Libye et Tunisie en 1943 alors que le reste de l’armée d’Afrique et de la Marine changeait de bord et rejoignait la cause alliée pour les derniers combats d’Europe et le hallali final.
Partie de rien notre Résistance, que vous dites extérieure, était parvenue à rassembler toutes les forces françaises.
Mais n’oublions pas le reste tels nos agents intervenant partout dans le pays. Rien que Par chez nous, la mission d’Estienne d’Orves, les réseaux Johnny, Remy et combien d’autres répartis sur tout le territoire…
Et enfin qu’on ne vienne pas dire qu’elle fut inefficace la voix de nos porte paroles à la BBC, cette BBC interdite mais que tant de personnes écoutaient clandestinement et qui rectifiait la vérité allemande, soutenant le moral de la population et incitant nos habitants à refuser la collaboration vichyste et le pouvoir allemand.
Et puis, en 1943, quand fut envisagée sérieusement la possible réalisation d’un débarquement De Gaulle chargea son émissaire Jean Moulin d’une autre mission, celle de réunir sous son autorité l’ensemble des Résistants de France, d’accepter un chef commun, le général Koenig et de s’apprêter à soutenir par une action commune menée contre les forces d’occupation la future opération de débarquement alliée.
Ce rassemblement des diverses résistances et des divers représentants politiques permettait enfin de préparer le futur régime de la France libérée.
La Résistance intérieure : TEXTE DE MME ANNE FRIANT (présidente départementale de l’association nationale des anciens combattants de la résistance et amis de la résistance-ANACR-).
Aujourd'hui, notre pays rend hommage à ces femmes et ces hommes courageux, généreux, héritiers des valeurs de la Révolution française, eux qui en ces temps noirs de la défaite et de l'occupation de la France gardèrent dans leur coeur le farouche espoir de les rétablir, eux qui portent ce nom prestigieux de Résistants.
Ici, dans le Finistère, ils prirent une place majeure.
Sur le sol même de notre pays, la Résistance de l'intérieur, par le renseignement, le sabotage, les tracts, les journaux, la guérilla urbaine, les maquis, se préparait au combat décisif aux côtés des Alliés. A chaque instant la mort attendait les soldats de l’armée de l’ombre.
Un simple acte d'humanité, partager une soupe, offrir un lit à un clandestin et c'était l'horreur des caves où torturaient les bourreaux, la déportation, la mort.
Nous ne saurions oublier dans cet hommage tous ces Résistants étrangers qui combattirent sur notre sol, aux côtés de nos aînés, avec au coeur ce même amour de justice et de liberté.
Tous, soutenant ou entrant dans les maquis, furent dans l'action dès le débarquement des Alliés du 6 juin 1944 et prirent toute leur place dans la libération de notre pays.
Aujourd'hui à toutes ces femmes, à tous ces hommes admirables, dont beaucoup ne virent pas la victoire, nous disons notre respect, notre infinie reconnaissance, notre amour commun des valeurs qui font la grandeur de notre pays.
Que s'est-il passé le 27 mai 1943? Dans Paris occupé, au 48 rue du Four, se réunissait pour la première fois le Conseil National de la Résistance sous la présidence de Jean Moulin. Un événement majeur dans l'histoire de la Résistance. Dix-sept hommes composaient cette assemblée, représentant huit mouvements de Résistance, six partis politiques et deux syndicats. Cette voix unie de la France, une motion, votée à l'unanimité, l'affirmait avec netteté.
Jean Moulin, dit Max, premier délégué général en France occupée, commissaire- ministre- du Comité National Français, Compagnon de la Libération, premier président du Conseil National de la Résistance, venait de réussir la rude et périlleuse mission que lui avait confiée le général de Gaulle, unir la Résistance.
Moins d'un mois plus tard, le 21 juin 1943, lors du rendez-vous de Caluire, Jean Moulin était arrêté par la gestapo de Lyon. Abominablement torturé, il ne livra aucun secret, lui qui les savait tous. Il mourut en gare de Metz le 8 juillet 1943 lors de son transfert vers l'Allemagne.
La Résistance unie au sein du CNR pouvait continuer son oeuvre. Le 15 mars 1944, le programme d'action du Conseil National de la Résistance était adopté à l'unanimité. Les grandes lignes de ce programme préparant pour l'après-guerre une société plus juste, plus démocratique, plus solidaire, pacte social de progrès et de prospérité toujours d'actualité, permirent à notre pays de se relever.
CONCLUSION
18 juin 1940, 27 mai 1943, la France qui combattait, reliée par les ondes de radio Londres, reprenait sa place au sein des Alliés. Elle fut l'une des quatre puissances a recevoir la capitulation des armées nazies. Elle fut un des cinq Grands qui fondèrent l'ONU.
18 juin 1940, 27 mai 1943. Jeunesse de ce pays, entretenez la flamme de la Résistance, donnez lui à votre tour tout son éclat. Continuez l'oeuvre de vos aînés, vous qui vivez dans une Europe enfin en Paix, en étant des citoyens libres, égaux et fraternels envers tous. Votre destin est entre vos mains.
Mais n'oubliez pas! D'autres peuples souffrent encore aujourd'hui qui aspirent eux aussi à la paix, à un monde plus juste, plus fraternel, plus solidaire. N'oubliez pas!